Article technique

Evaluation de la biocompatibilité des DM

21/09/2021

Eléments de contexte 

L’évaluation de la biocompatibilité des dispositifs médicaux est d’une importance majeure puisqu’elle permet de garantir la sécurité des produits vis à vis du patient et/ou de l’utilisateur. Elle est principalement régie par la série de normes internationales ISO 10993 – « Évaluation biologique des dispositifs médicaux ».

L’évaluation biologique des DM

La série de normes internationales ISO 10993 se compose de plusieurs parties, mais, en fonction du type de dispositif médical, l’évaluation de la biocompatibilité peut s’articuler autour d’autres normes (ex : ISO 18562, ISO 7405, ISO 9394), de divers rapports techniques spécifiques (ex : ISO/TR 37137) ou encore de lignes directrices supplémentaires. Ces référentiels sont en perpétuelle évolution afin de tenir compte des avancements scientifiques et techniques sur le sujet.

La norme NF EN ISO 10993-1 : 2010 « Évaluation biologique des dispositifs médicaux — Partie 1 : Évaluation et essais au sein d’un processus de gestion du risque » a été annulée le 06 Février 2021. Elle est aujourd’hui remplacée par la norme NF EN ISO 10993-1 : 2020 qui a été harmonisée pour le marché européen. Cette version reprend la norme ISO 10993-1 : 2018 ainsi que la version corrigée 2018-11 sans aucune modification.

La stratégie développée dans la norme NF EN ISO 10993-1 : 2020 reprend le principe des 3R (« Reduce, Replace, Refine in vivo assays » soit « Réduire, Remplacer et Affiner les essais in vivo ») introduit en 1959 par W.M.S. Russell dans le cadre de la recherche scientifique. Ce principe, largement répandu en cosmétique, s’est grandement développé dans tous les domaines de la santé, incluant l’évaluation de la biocompatibilité des DM.

La conduite d’essais biologiques in vivo devient alors une préoccupation grandissante et il convient de s’interroger sur la possibilité d’évaluer les risques par des approches alternatives (in silico, in vitro, chimiques ou physiques) afin de limiter les essais sur des modèles animaux ou humains. Bien entendu, cette stratégie n’exclue en rien la conduite d’essais in vivo mais incite les fabricants à avoir une approche plus pragmatique.

Ainsi, la publication de la norme ISO 10993-23 : 2021 « Évaluation biologique des dispositifs médicaux — Partie 23 : Essais d’irritation » a permis une avancée concrète. Les essais d’irritation et de sensibilisation étaient jusqu’alors présentés dans la norme ISO 10993-11 : 2017 (qui est actuellement en cours de révision pour ne présenter que les essais de sensibilisation), et la seule possibilité pour évaluer l’irritation d’un DM était par le biais d’essais in vivo sur le lapin.

Après 70 ans d’utilisation de cet animal, la nouvelle norme propose une alternative in vitro, avec l’utilisation de modèles d’épidermes humains reconstruits (modèles RhE). La proposition de méthodes alternatives à l’utilisation d’essais in vivo devient alors la ligne de conduite de l’évaluation biologique.

L’acceptation et l’application de la norme ISO 10993-23 : 2021 ont suscité plusieurs réactions à l’international. Notamment au niveau de l’Union Européenne pour qui cette nouvelle norme peut être considérée comme un « état de l’art » concernant les dispositifs médicaux.

Puisqu’elle n’a été publiée que récemment, sa mise en œuvre ne peut être attendue immédiatement et une période de transition devrait être accordée. Concrètement, pour les dispositifs existants sur le marché et pour les dispositifs qui sont actuellement ou seront dans un proche avenir soumis au marquage CE MDD/MDR, aucune donnée supplémentaire sur l’irritation in vitro n’est nécessaire si des études d’irritation in vivo sont déjà disponibles.

Également dans cette démarche pragmatique de ne pas conduire inutilement des essais sur les animaux, la version Draft d’une mise à jour du Guide de biocompatibilité de la FDA a été publiée le 15 octobre 2020. Celle-ci porte sur les informations qui doivent être fournies pour les dispositifs fabriqués à partir de polymères et de tissus en contact avec une peau intacte.

Pour ces matériaux fréquemment utilisés, la FDA propose notamment d’omettre certains tests de biocompatibilité pour les dispositifs médicaux en contact avec la peau intacte. Cette démarche s’appuie sur le principe des 3R présenté précédemment.

Le précédent guide de la FDA daté de 2016 « Use of International Standard ISO 10993-1, Biological evaluation of medical devices – Part 1: Evaluation and testing within a risk management process » (2016 Biocompatibility Guidance) reste en vigueur, dans sa forme actuelle, jusqu’à ce que la nouvelle version soit finalisée. Les sections proposées sont destinées à ajouter ou remplacer des sections applicables du Guide de biocompatibilité 2016. Les sections qui ne sont pas concernées par cette mise à jour sélective ne seront pas modifiées et resteront en vigueur. L’objectif de ces guides est d’aider les fabricants à préparer les demandes d’autorisation de mise sur le marché (PMA), les demandes d’exemption de dispositif (HDE), les demandes d’exemption de dispositif expérimental (IDE), les notifications préalables à la mise sur le marché (510(k)) et les demandes de classification De Novo.

Ces récentes publications le prouvent, la biocompatibilité des DM est une discipline en perpétuelles évolution et les exigences associées à l’évaluation des risques biologiques/physiques/chimiques ne cessent de se préciser.

A titre d’exemple, plusieurs points précis de l’évaluation biologique sont évoqués ci-dessous :

  • Les propriétés physiques des dispositifs médicaux implantables sont à prendre en considérations lors de l’évaluation de la biocompatibilité. La norme ISO/TS 10993-19 : 2020 « Évaluation biologique des dispositifs médicaux – Partie 19 : Caractérisation physico-chimique, morphologique et topographique des matériaux » fournit un ensemble de paramètres et de méthodes analytiques associées pour la caractérisation physico-chimiques, morphologiques et topographiques (PMT) des surfaces des DM. L’importance de ces paramètres dans la biocompatibilité et l’efficacité clinique est devenue majeure.
  • Dans le contexte de la biocompatibilité d’un dispositif médical implantable, la contamination particulaire est aussi un risque à considérer. Le comptage particulaire peut être une des solutions afin d’évaluer ce risque.
  • L’évaluation des risques associés à la durée de péremption et aux conditions de stockage (par exemple la température et l’hygrométrie) sont des paramètres à prendre en compte dans l’évaluation de la biocompatibilité. Selon les conditions de stockage et la durée de péremption, une dégradation de l’emballage mais aussi du dispositif médical lui-même peut être possible et entrainer un risque biologique pour le patient et/ou l’utilisateur.

Ces risques biologiques n’étaient que peu étudiés auparavant dans l’évaluation biologique mais font aujourd’hui partie intégrante des éléments évalués par les organismes notifiés.

Notre intervention

La biocompatibilité est un critère déterminant pour la mise sur le marché des DM. L’évolution récente des méthodes d’évaluation des dossiers techniques par les organismes notifiés place plus que jamais ce sujet au centre de l’attention. L’évaluation biologique est en effet un élément majeur pour répondre aux exigences essentielles.

Dans le contexte actuel, où la demande de mise en conformité est forte et urgente, le groupe Efor apporte son expertise et une approche méthodique à ses clients, fabricants de DM. Nos experts en évaluation biologique sauront vous accompagner sur l’évolution des normes régissant l’évaluation biologique de vos DM. De plus, nos experts en toxicologie pourront vous accompagner sur l’évaluation toxicologique selon la norme ISO 10993-17 (TRA : Toxicological Risk Assessment).

Nous faisons le choix de vous accompagner grâce à une équipe de profils spécialisés, qui pourront suivre le projet d’évaluation biologique et toxicologique de A à Z, depuis la mise en place de la stratégie d’évaluation jusqu’à la rédaction du rapport, tout en restant dans un travail collaboratif basé sur l’échange.